SIEGE SOCIAL FI-LMC
Institut BERGONIE
229, Cours de l' Argonne CS 61283
33076 BORDEAUX Cedex
Identifiant
Mot de passe

SIGNES BIOLOGIQUES ET BILANS DE LA LMC


L'hémogramme est le plus souvent caractéristique - Il montre la forte hyperleucocytose avec un taux médian de globules blancs de l'ordre de 100.109/litre. Cette hyperleucocytose est faite de polynucléaires neutrophiles mais dont le pourcentage n'est cependant souvent que de 30 à 50% seulement car il existe une forte myélémie. La myélémie correspond à un passage sanguin anormal, d'éléments immatures de la granulopoïèse (les myélocytes, les métamyélocytes, les promyélocytes et à moindre degré les myéloblastes). Quelques blastes, en petit nombre, peuvent être présents. Une éosinophilie est possible ; la basophilie est très caractéristique et constante à partir d'un certain taux de globules blancs. Moins le taux des globules blancs sera élevé, plus fort sera le pourcentage de polynucléaires et la myélémie modeste ou absente.

Une anémie est fréquente, modeste, normochrome, normocytaire, arégénérative ; elle est parfois plus intense ou absente. Une dystrophie érythrocytaire est possible (anisocytose, polychromatophilie, ponctuation basophile) ainsi qu'une érythroblastose.

Le taux des plaquettes est souvent modestement augmenté (400-700.109/l), rarement supérieur à 1. 1012/l, parfois normal, exceptionnement abaissé.

Hémogramme d'une LMC en phase chronique


Formule sanguine d'une LMC en phase chronique


La ponction et la biopsie de moelle osseuse

Elles mettent en évidence l'hyperplasie du tissu myéloïde. C'est surtout la lignée granuleuse qui est hyperplasique, de façon harmonieuse, sans blastose significative et surtout sans hiatus. Les mégacaryocytes peuvent être hyperplasiques et une densification de la réticuline est possible mais sans ostéomyélofibrose ; l'os est le plus souvent d'une dureté normale.


Le caryotype affirme le diagnostic

Le plus souvent effectué sur le produit d'aspiration médullaire, mais parfois aussi sur le sang, il met en évidence la translocation réciproque t(9 ; 22) (q34 ; q11) ou chromosome de Philadelphie. Celle-ci met en continuité la partie distale télomérique (3') du chromosome 9 et la partie centromérique, proximale (5') du chromosome 9. Le point de cassure sur le 22 se situe dans une courte région de 5,8 kb appelée "bcr" pour "breakpoint cluster region" ou région des points de cassure. Sur le 9, la localisation du point de cassure est bien plus variable. Le réarrangement qui implique le proto-oncogène abelson (abl) conduit à la formation d'un néogène ("bcr-abl") hybride qui va être transcrit en un ARN-m plus ou moing long (selon la position du point de cassure dans la région bcr).

Chromosome Philadelphie et modélisation

 Cet ARN-m est traduit en une protéine chimère de 210 kd, ayant une puissante activité thyrosine-kinase. On a pu montrer in vitro (avec des techniques de culture de moelle) comme in vivo (greffe de moelle de souris infectées par un rétrovirus contenant le gène bcr-abl) que ce réarrangement était bien responsable de la maladie. La translocation est présente dans 100% des mitoses analysées au caryotype. Cependant des expériences de culture de moelle au long cours, dans des systèmes liquides ont démontré qu'il persistait surtout au début de la maladie, un certain nombre de cellules souches non atteintes par la translocation. Ces expériences sont confirmées par les résultats thérapeutiques : certains patients traités par des protocoles de chimiothérapie lourds ou par interféron, ont vu leur moelle partiellement ou totalement repeuplée par une hématopoïèse non Ph. Lorsque la LMC est traitée par monochimiothérapie conventionnelle, le Ph persiste dans toutes les mitoses, y compris pendant la rémission hématologique. Actuellement, on complète l'étude cytogénétique par des examens moléculaires. Ainsi, il est possible de détecter un réarrangement du segment bcr par les techniques de Southern blot en utilisant les enzymes de restriction et les sondes appropriées. Cette analyse de l'ADN des cellules permet le diagnostic des rares formes (5%), sans chromosome Philadelphie. Les méthodes d'amplification génique (PCR : "polymerase chain reaction") permettent maintenant de déterminer précisément le type de transcrit produit et servent à la surveillance moléculaire de la maladie lorsqu'une rémission cytogénétique complète a été obtenu.

Biologie Moléculaire-PCR quantitative pour Bcr-Abl
Courbes de fluorescence

le gène de fusion Bcr-Abl (Chromosome Philadelphie) peut aussi être détecté par FISH (Fluorescence In Situ Hybridation)

Cette technique consiste en l'utilisation de sondes marquées par 1 flurochrome pour détecter des séquences répétitives du génomes (soit sur chromosomes métaphasiques, soit sur des noyaux interphasiques)

Cellule Normale (Sonde Bcr en vert, sonde Abl en rouge)

Détection du gène de fusion Bcr-Abl en jaune

Autres examens

Le taux des phosphatases alcalines leucocytaires.

Il est typiquement effondré dans la LMC en phase chronique mais cet abaissement n'est pas constant puisque le taux peut augmenter en cas de grossesse, d'infection ou de crise de goutte.

Les anomalies de l'hémostase.

Une thrombopathie est fréquente expliquant les anomalies de l'adhésion et de l'agrégation et l'allongement du temps de saignement. D'autres troubles de la coagulation, tels que l'abaissement du facteur V ou du facteur VIII, ont été observés.

Les anomalies biochimiques.

L'acide urique est augmenté dans le sang et dans les urines, source de complications possibles à prévenir par les mesures d'hydratation alcaline. Le taux de la lacticodéshydrogénase (LDH) peut être élevé, de même que la vitamine B12, la transcobalamine I et le lysozyme. A signaler enfin, les fausses hypoglycémies et hyperkaliémies, artéfacts habituels liés à l'hyperleucocytose et à la thrombocytose.

Les cultures de moelle.

Elles ne sont pas utiles en pratique courante. La culture des cellules médullaires en milieu semi-solide et en présence de facteur de croissance, permettent de mettre en évidence une très forte augmentation du nombre des progéniteurs (CFU-GM, CFU-E, BFU-E, CFU-GEMM), dans la moelle, comme dans le sang.

Le fond d'oeil.

Il révèle une petite rétinite leucémique asymptomatique.

L'échographie abdominale.

Elle permet la mesure précise des volumes spléniques et hépatiques.

Au total, la LMC en phase chronique est le plus souvent de diagnostic facile quand l'hémogramme est typique et qu'il existe une splénomégalie. De plus en plus souvent cependant, le diagnostic est fait au cours de l'enquête étiologique d'une hyperleucocytose modérée isolée.